Construire un centre aquatique en 2025 : entre ambition de service et exemplarité énergétique

Entretien avec Vincent Allevard, 1er Vice-Président de Durance Lubéron Verdon Agglomération, délégué à l’Environnement, aux Relations institutionnelles et au Centre aqualudique, sur les enjeux des centres aquatiques

Inauguré début 2024, le nouveau centre aquatique de Durance Lubéron Verdon Agglomération incarne l’ambition d’un équipement structurant au service des habitants comme de l’attractivité du territoire. Pensé pour répondre aux enjeux d’apprentissage, de bien-être et de sobriété énergétique, ce projet illustre les choix stratégiques d’une collectivité en quête d’exemplarité énergétique. Entretien avec un élu de l’Agglomération, qui revient sur la genèse du projet, les arbitrages opérés et les enseignements à tirer pour d’autres territoires.

Durance Lubéron Verdon Agglomération a inauguré en début d’année 2024 un nouveau centre aquatique. Quel rôle cet équipement joue-t-il pour le territoire ?

Le centre aquatique répond à un double objectif : d’une part, offrir un service public de qualité à la population locale, et d’autre part, renforcer l’attractivité de notre territoire.
Sur le plan des services à la population, nous avons souhaité répondre aux besoins du grand public, mais aussi des publics spécifiques comme les scolaires et les clubs sportifs. Lors de la mise en place de la délégation de service public, nous avons affiché une volonté politique forte de généraliser l’apprentissage de la natation dès le plus jeune âge. À l’époque, seules trois communes sur les vingt-cinq de l’agglomération disposaient d’une piscine en extérieur. Aujourd’hui, grâce à cet équipement structurant, l’ensemble des enfants scolarisés dans l’agglomération a accès à des créneaux de natation, intégralement financés par la collectivité.

Sur le volet de l’attractivité, nous avons un double levier : le tourisme et le développement des services. Le centre aquatique, notamment grâce à son espace bien-être, s’inscrit dans une stratégie touristique menée en lien étroit avec l’Office de tourisme intercommunal. Le délégataire, Récréa, collabore régulièrement avec cet office pour valoriser l’équipement auprès des visiteurs, ce d’autant plus que notre territoire est déjà positionné sur le secteur du thermalisme.

Enfin, en matière de services, le centre aquatique participe à une politique plus large d’attractivité résidentielle. Je pense notamment à la problématique de la démographie médicale : pour attirer de nouveaux praticiens, il est indispensable d’offrir un cadre de vie qualitatif, tant sur le plan culturel que sportif.

Dans un contexte de sobriété énergétique, comment avez-vous intégré les enjeux de performance dans la conception de l’équipement ?

La performance énergétique a été une priorité dès la phase de conception, tant sur la consommation d’eau que sur celle d’énergie.
Nous avons opté pour des bassins en inox, qui limitent les risques de fuites, et mis en place des systèmes de traitement de l’eau particulièrement performants. Par ailleurs, l’eau chaude sanitaire est produite en partie grâce à des panneaux photovoltaïques installés en toiture. L’implantation même du bâtiment a été pensée pour optimiser l’ensoleillement naturel, réduire les besoins en éclairage et limiter les déperditions thermiques.

Le contrat de DSP a été signé dans un contexte de forte volatilité des prix de l’énergie. Quels mécanismes avez-vous mis en place pour sécuriser le modèle économique ?

Nous avons adopté trois dispositifs principaux.

Premièrement, en lien avec le concessionnaire, nous avons retardé au maximum la contractualisation de l’achat d’électricité. Aucun candidat ne pouvait s’engager fermement sur les prix pendant la procédure, c’est pourquoi cette donnée a été neutralisée dans les offres. Le contrat d’énergie a été conclu une fois la DSP attribuée, ce qui nous a permis de bénéficier d’un tarif plus avantageux et d’une baisse significative de la compensation financière, de l’ordre de 50 000 € par an.

Deuxièmement, la compensation est indexée sur le prix de l’énergie et la performance énergétique du site, de manière à refléter le plus fidèlement possible les charges réelles du délégataire.

Enfin, une clause de revoyure a été intégrée au contrat, prévoyant une réévaluation en cas de forte variation des prix, au-delà de seuils préalablement définis.

Les difficultés de recrutement sont récurrentes dans le secteur aquatique. Avez-vous été confrontés à ce type de problématique ?

Nous redoutions des difficultés pour recruter des Maîtres-nageurs sauveteurs (MNS), mais ces postes ont finalement été pourvus sans trop de difficulté. Cela dit, nous restons vigilants sur la vérification des qualifications et des habilitations de ces personnels.
En revanche, la stabilisation de l’équipe de nettoyage s’est révélée plus complexe. C’est un sujet moins souvent évoqué, mais qui mérite une attention toute particulière, notamment au regard de l’exigence d’hygiène dans ce type d’équipement.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux autres collectivités qui envisagent de lancer un projet similaire ?

Je retiendrais deux enseignements majeurs.
Le premier, c’est l’importance de disposer d’un outil de pilotage permettant de mesurer en temps réel la performance énergétique de l’équipement. À titre d’exemple, notre centre aquatique est raccordé au réseau de chaleur bois de la commune de Manosque. Or, nous n’avions pas prévu d’outil spécifique pour suivre la performance énergétique liée au chauffage. Cette absence de mesure rend difficile l’ajustement des paramètres contractuels avec Récréa ou avec le gestionnaire du réseau.

Le second message est d’ordre plus stratégique : il est essentiel de raisonner en coût global d’exploitation. Une économie réalisée sur la consommation d’eau, par exemple, peut compenser une hausse ponctuelle des coûts énergétiques. Ce type d’approche systémique est indispensable, notamment lors de renégociations contractuelles.

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